Donnino Rumi naquit en 1906 à Bergame et c’est dans cette ville du nord de l’Italie que s’est déroulé sa vie d’homme et d’artiste. Il faut aller à la fonderie que possédait son père pour trouver Donnino Rumia gé à peine de 12 ans, garçon d’atelier, travailleur infatigable, plein de curiosité et déjà attiré par toute forme d’expression artistique. Il fréquentait l’atelier d’un sculpteur, Ghislandi, ami de la famille, lequel sera le premier à remarquer les dons du jeune garçon ; il l’encouragera à suivre des études à l’Académie de Bergame.
Donnino Rumi a un caractère très particulier, timide et inquiet, très intolérant, il a beaucoup de talent mais n’apprécie pas la discipline scolaire. Il n’a pas encore 20 ans qu’il se retrouve à la tête de la fonderie.
Pour peindre et sculpter il ne lui reste que le temps libre, toujours plus réduit par une activité industrielle stressante. De 10 ouvriers de la fonderie paternelle, ils sont devenus un millier autour des années 40. Entre temps, Donnino s’est marié et a eu trois fils ; on aura ainsi résumé ce que fut son cadre de viedans sa bonne vie de Bergame.
Durant le conflit mondial, les troupes allemandes installèrent un de leur commissariat dans l’établissement. Résistant, Donnino Rumi lutte comme partisan et fini dans la prison de San Agata de Bergame. Toutefois, il n’abandonne jamais son art, même dans ces moments dramatiques et exécute comme il peut diverse oeuvres durant cette période.
Après la guerre, il doit se retrousser les manches parce qu’à l’intérieur de l’établissement presque entièrement démoli il lui faut restructurer entièrement la production militaire des hélices et des périscopes vers le civil.
Les besoins d’après guerre ne manquent pas et l’usine fabrique désormais des machines pour le textile, mais c’est la fabrication de motocyclettes et de scooters qui fera de Rumi un mythe toujours aussi vénéré aujourd’hui en Italie.
La première motocyclette apparue en 1949 sous la forme d’un prototype dont le moteur a été imaginé par l’ingénieur Pietro Vassena et le cadre réalisé par la société Amisa, une entreprise milanaise spécialisée dans la fabrication de cadres pour de très nombreuses firmes aujourd’hui disparues. Cette collaboration n’eut pas de suite.
Il faut attendre le mois de Mars 1950 à la bourse du cycle et de la motocyclette réalisée dans l’enceinte du théâtre Donizetti de Bergame, puis la foire internationale de Milan quelques mois plus tard pour voir la machine définitive réalisée entièrement par Rumi.
Entre temps, Luigi Salmaggi, concepteur de la célèbre Gilera Saturno a rejoint la firme et a grandement amélioré le moteur qui restera pendant toute la période de la production l’âme des machines Rumi.
En France, c’est surtout le Formichino (« petite fourmi ») qui fit connaître le Rumi. Ceux qui dans leur jeunesse ont eu le bonheur de chevaucher cette machine en garde un souvenir ému.
Pendant une quinzaine d’années, l’entreprise absorbe complètement Rumi, lui laissant plus rarement le temps de se consacrer à sa vraie passion. Ce sont des années durant lesquelles, fréquemment il est assailli par le doute, mais le Rumi industriel semble avoir eu l’ascendant sur le Rumi artiste.
C’est vers 1962 que survient la fermeture de l’entreprise, dès lors, tout son temps sera consacré à l’activité artistique. Son caractère réservé, l’extrême sincérité de ses commentaires font en sorte qu’il est fréquemment incompris dans sa vraie nature et qu’une certaine forme de réserve soit prise pour de l’orgueil.
Il travaille sans relâche à n’importe qu’elle heure du jour ou de la nuit partageant son existence entre atelier et maison qui se transforme pour finir elle même en atelier. Son activité ne connaissant pas de répit, ce n’est que tardivement dans sa maturité avancée que Donnino Rumi se retrouve lui même.
C’est dans sa Bergame natale qui le voit laborieux et actif qu’il s’éteint le 17 aout 1980.